C'est avec son accord que nous insérons sa belle homélie prononcée au cours d'une messe demandée à l'intention de JB par ses amis proches.
A l'issue de cet office religieux, le P. Sayed a pu réconforter les parents de JB, et leur redire : "Il est légitime de continuer de chercher, je suis convaincu que c'est quelque chose qui est tout à fait normal et légitime pour des parents de profiter de toutes les occasions pour essayer de trouver leur enfant absent."
Homélie du Père Sayed – messe pour Jean Baptiste du 24 octobre 2OO9,
Au nom du Père du Fils et du Saint Esprit :
Presque deux ans passés et on continue de dire : Jean Baptiste où es-tu ? Hélas c’est une question que l’on ne peut pas poser car il n’est pas là pour qu’on s’adresse directement à lui. Entre nous on ne peut que poser la question : Jean Baptiste où est-il ? Et comme on espère que le moment vient où on peut lui poser la question : où étais-tu ?
Or actuellement nous disons que Jean Baptiste est disparu depuis presque deux ans, mais cette expression n’est pas tout à fait correcte. Il vaut mieux dire qu’il est absent ou qu’il est disparu de nos yeux, car disparaître veut dire entre autre cesser d’être ou cesser d’exister, or ce n’est pas le cas de notre ami Jean Baptiste, car lui, il existe toujours mais ailleurs ; il existe toujours et surtout dans le cœur de Dieu et aussi il existe de par son souvenir dans le cœur de chacun et l’absence physique ne peut pas couper les liens intimes que chacun de nous avait tissés avec lui.
Il aurait été plus facile pour nous de supporter la douleur, si on savait la vérité ? L’inquiétude du manque de toute information vient s’ajouter à la douleur de la séparation. Il s’agit d’une douleur double à cause de sa double origine :
1- il n’est pas là,
2 - pas d’information.
Cette douleur double fait de l’absence de Jean Baptiste un évènement non habituel, mais son absence inattendue marque fort nos cœurs et fait de son souvenir un souvenir toujours présent.
A mon avis il est plus présent dans son absence qu’il l’était dans sa présence. Son absence est une invitation pour entrer autrement dans une relation avec lui.
La place que Jean Baptiste avait et qu’il continue d’avoir dans nos cœurs, doit être toujours occupée par son souvenir et par la prière.
La prière constitue un moyen de communication fort et réel. Par la prière, il n’y a plus ni de limite, ni de conditions. La prière est aussi un moyen de dialogue entre les personnes, c’est là où les cœurs ses rencontrent dans le Christ, car partout ou nous sommes, nous vivons dans le Seigneur : Plus je prie pour la personne , plus je sens sa présence par l’Esprit qui prie en nous et qui réalise l’unité des âmes.
Dans cette situation, nous les parents, les amis, que nous dit la Bible ?
Abraham, car vous le savez il a attendu jusqu’à sa vieillesse son enfant Isaac, et tout à coup, voici que Dieu qui lui a donné ce fils le lui demande : « offre moi ton fils unique en sacrifice » Abraham est devant un conflit profond, inimaginable, une déchirure incomparable. Présenter son fils unique comme offrande, c’était presque insupportable. Malgré tout, Abraham a accepté d’aller à l’encontre de ses sentiments, de ses entrailles paternelles, pour répondre à l’appel de celui qui mérite d’être obéi au dessus de tout.
Et quelle en était la fin ? Dieu n’a pas permis finalement à Abraham de sacrifier son fils, il lui a donné un agneau à la place et lui a promis de lui donner une descendance plus nombreuse que le sable de la mer.
En fait, ce que Dieu a voulu au fond, ce n’était pas la mort d’Isaac, mais le rétablissement de l’ordre de l’amour, au cœur d’Abraham, ou autrement dit, il a voulu que, au cœur d’Abraham, Dieu continue d’occuper la première place et non pas son fils unique Isaac.
Abraham doit être l’exemple de chaque parent ; on est appelé d’offrir à Dieu Jean Baptiste, pas par des paroles extérieures, mais surtout, par une conviction intérieure profonde, par le fait d’accepter avec résignation, la douleur de la séparation et de l’absence de notre fils et ami Jean Baptiste.
C’est tout à fait normal, naturel et légitime pour des parents d’espérer, et de profiter de toutes les occasions pour essayer de trouver leur enfant absent, mais tout en disant à Dieu : « Jean Baptiste vient de Toi, au fond il dépend de Toi, il est ton fils avant d’être le nôtre et il est appelé à revenir à Toi ; cela on te l’offre comme Abraham a offert son fils » et cela c’est surement difficile, mais on est appelé de le faire.
Oui Jean Baptiste dépend d’abord de Dieu son père céleste, il pourrait dire avec le psalmiste :
« Seigneur, c’est toi qui a créé mes reins,
Qui m’a tissé dans le sein de ma mère
Tu me scrutes Seigneur, et tu sais,
Tous mes chemins te sont familiers
Je prends les ailes de l’aurore, et me pose au-delà des mers,
Même là ta main me conduit ».
Oui, acceptons de vivre cette souffrance, et la promesse de Dieu à Abraham de lui donner une descendance nombreuse va être appliquée à vous, pas nécessairement de la même façon qu’Abraham.
Marie a accepté de donner son fils Jésus, de l’offrir avec une complète résignation à Dieu le Père, et en revanche, Dieu a fait d’elle la Mère de tout homme, en la personne de Jean, en disant : « femme voici ton Fils, Jean voici ta Mère »
Je pense que quelque chose d’une fécondité humaine et spirituelle va naitre à travers cette expérience. On ne sait pas maintenant, mais surtout les parents vont le savoir. Peut être Dieu à travers l’absence de Jean Baptiste, vous prépare à une paternité humaine et spirituelle plus féconde, une transformation de votre manière d’être père et mère ; plus vous acceptez de l’offrir à Dieu, plus Dieu va vous enraciner dans une paternité et maternité humaine et spirituelle féconde et peut être Jean Baptiste sera présent à travers les autres ; et peut être on est appelé à vivre un déplacement dans notre manière d’être, ce qu’on faisait pour et envers Jean Baptiste peut être déplacé pour être fait pour et avec d’autres personnes.
Merci à François VALLAS avec qui j’ai préparé cette messe, en votre nom et en mon nom, je vous assure, vous les parents et ses frères et sœurs, de notre proximité humaine et spirituelle - Amen